Doux : les travailleurs, salariés et éleveurs, ne seront pas les dindons de la farce

Publié le par UDB Mor Bihan

 

Communiqué de l'Union Démocratique Bretonne du 4 juin 2012

En 2008 Charles Doux et sa famille était la 136ème plus grande fortune de France : plus de 300 millions d'euros de fortune personnelle issue des aides de la PAC, des banques et de la sueur des travailleurs. Le groupe Doux, multirécidiviste dans les fermetures de sites depuis 1998, date d’achat de Frangosul, avait relocalisé sa production et ses emplois au Brésil (8000 emplois). L’avenir du capital familial était préservé mais certainement pas l’avenir des salariés et des éleveurs intégrés. Aujourd’hui en grande difficulté financière, plus de 430 millions d’euros de dettes dont la moitié  imputable au secteur brésilien de l’empire  familial, la famille Doux brandit la menace du dépôt de bilan pour arracher des concessions aux banques et aux collectivités et surtout pour garder la mainmise sur l’entreprise familiale pourtant sous perfusion d'argent public depuis des années.

Les 3400 salariés et les 800 éleveurs intégrés veulent savoir s’ils seront payés ou s’ils sont condamnés à devenir de simples créanciers du groupe.

Le gouvernement Ayrault a joué les médiateurs entre Charles Doux et la banque Barclays, détentrice de la créance la plus importante. Jeudi dernier une réunion avait duré jusque 3 heures du matin, des solutions se dégageaient entre l'échelonnement de la dette et un apport d'argent frais de 35 millions d'euros. Or alors même qu'il assistait à cette réunion, le groupe Doux avait en parallèle déposé sa demande en liquidation judiciaire, refusant de se battre afin de préserver son  patrimoine familial, accumulé au détriment de l'entreprise et grâce en partie au milliard d’euros d’aides de la PAC à l’exportation des poulets produits au Brésil vers la Chine !!!  Doux était au pied du mur. Endetté à 430 millions d'euros (dont la moitié liée à sa filiale brésilienne), le groupe fondé par Charles Doux assurait devoir rembourser avant fin mai 20 millions à Barclays, son premier créancier, qui détient une dette de 140 millions. Selon d'autres sources, Barclays ne demandait pas à être payé, et Doux, souffrant avant tout d'une crise de liquidité, réclamait 35 millions de cash.

Des négociations marathon ont été menées sous l'égide du ministère du Redressement productif. «Charles Doux a pris la décision personnelle de refuser une solution qui garantissait l'apport de 35 millions d'euros au groupe, a accusé vendredi soir Arnaud Montebourg dans un communiqué au ton sévère. Il a décidé de rompre ces négociations et de déposer le bilan.» La solution échafaudée à Bercy passait par un prêt de 35 millions d'euros (dont 20 par Barclays). De quoi payer les fournisseurs et rétablir les approvisionnements, le temps de définir une nouvelle stratégie avec la direction actuelle. L'UDB soutient les travailleurs, qu'ils soient salariés du groupe ou éleveurs intégrés : travailler et vivre de son travail au pays, c'est un droit pour eux aussi. 

Le poulet pas cher est hors de prix !

Un grand nombre des 800 éleveurs qui alimentent le groupe en volailles n'est pas payé depuis des mois. Certains ont des arriérés de plus de 140 jours ! De même, les salaires de mai des employés de Doux ne seront payés que le mardi 5 juin par l'Association pour la gestion du régime de garantie des créances des salariés (AGS). Selon les analystes, le groupe, marqué par une faible rentabilité, a souffert de la guerre des prix dans le secteur de la volaille industrielle, et par la hausse des coûts de l'alimentation des volailles et de l’énergie. En cette période de crise, il faut souligner que seul le secteur de la volaille «Label» reste économiquement performant.

La Région Bretagne, première par le volume produit et avant-dernière par la valeur ajoutée, montre une nouvelle fois l’absurdité de ce système économique basé sur les volumes pas chers destinés à l’exportation ou aux produits  à prix cassés de la grande distribution, qui cassent les économies des pays du sud et transforment ici les producteurs intégrés en esclaves des temps modernes et les salariés en variable d'ajustement.

Au voleur !

En 2009, le Groupe Doux a été le premier acteur de la filière à exporter directement en Chine depuis ses sites de production au Brésil. À ce titre le groupe est le premier bénéficiaire en France des aides à l'exportation de l'Union européenne décidées dans le cadre de la PAC à hauteur de 200 à 300 euros la tonne de volaille exportée ; ce qui a représenté 63 millions d'aides publiques d'octobre 2007 à octobre 2008, et  55 millions par an depuis 2009. Numéro cinq mondial à l'exportation, Doux devait voir son chiffre d'affaires stagner à 1,4 milliard d'euros en 2011, selon des prévisions datant du mois de novembre. En 2010, il s'était élevé à 1,406 milliard d'euros. Pour l'UDB, l'opacité et l'injuste répartition des aides de la PAC en France, plus de 10 milliards d'euros par an, doivent changer maintenant pour la transparence, la gestion directe par les Régions et la juste répartition de cet argent public vers ceux qui prennent soin de l'environnement, de la santé humaine et du ménagement du territoire.

Quelle  réponse à la casse sociale, économique et écologique ?

Le rapport ministériel rendu public très discrètement le 11 mai dernier, affirme que : « La construction d’un « nouveau modèle économique breton » est nécessaire pour pouvoir mettre en mouvement les acteurs ; le maintien d’une économie bretonne dynamique passera par une évolution qui reliera ce « modèle » à l’ensemble des activités de la région (tourisme et industries agro-alimentaires), et à une image positive car connectée au milieu naturel (et non plus qui s’en affranchit comme avec l’élevage hors-sol) et donc aux externalités qui en découlent. « Changer de modèle », « produire autrement » sont aussi des choix de société, donc des choix politiques par rapport aux usages des sols, des espaces et des ressources. Les agriculteurs ne peuvent pas changer seuls, ni rapidement, cela prendra du temps et demandera d’exprimer une solidarité et de redonner du sens à leur métier». Pour l'UDB, quand on sait que «depuis près de cinq ans, les éleveurs de porcs bretons perdent 150 millions d'euros par an, soit près de 45.000 € par exploitation chaque année ! A quand une prise en considération des éleveurs ? »,  selon  un communiqué la FDSEA du Finistère se plaignant de la hausse  des charges de production de 20% en 2011, on ne peut qu’en tirer une nouvelle fois la conclusion que le système productiviste et sous perfusion d’argent public, est à bout mais refuse de mourir.

Les 60 engagements de Hollande rattrapés par l'actualité. 

Ce premier exercice de crise pour Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture et de l'agro-alimentaire, et d'Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, doit démontrer la réelle volonté de changement  du gouvernement de gauche : "défendre l'agriculture française et soutenir la ruralité ", "donner aux producteurs les moyens de s'organiser pour rééquilibrer les rapports de force au sein des filières, face à la grande distribution",  "encourager la promotion de nouveaux modèles de production et de l'agriculture biologique", "faire de la France la nation de l'excellence environnementale" , sont  quelques uns des  60 engagements de François Hollande pour la France. Pour l'UDB, au pied du mur se reconnait le maçon.... 

Les propositions de l’UDB.

Pour l’UDB, ce qui arrive au groupe Doux prouve que ce ne sont pas ceux qui alertaient depuis longtemps sur les limites du système agro-industriel productiviste qui jouaient contre l'emploi, ce sont au contraire ceux qui ne voulaient pas voir que ce système conduisait la Bretagne dans une impasse, tant au plan environnemental qu'au plan économique et social avec l'arrivée sur le marché global de nouvelles puissances agricoles plus compétitives sur les volumes.

Pour l’UDB, c'est toute l'agriculture bretonne, productions animales et végétales, qu'il faut faire évoluer vers la qualité et la recherche de valeur ajoutée. Concevoir le bio et les certificats de qualité ou labels comme des "marchés de niche" qui resteraient marginaux par rapport au système productiviste, et c'est la position de la FNSEA, c'est conduire la Bretagne dans une nouvelle impasse.

Comme dans tous les  secteurs industriels, les syndicats devraient avoir droit de regard et possibilité de défendre les travailleurs. Les salariés de l'industrie agro-alimentaire ont du mal à faire valoir leurs droits. Les agriculteurs tout autant, la plurialité syndicale, garante de la liberté syndicale, étant mal respectée.

La gestion des fonds publics doit être suivie par les citoyens.

Pour l’UDB, la PAC doit retrouver sa vocation première : rendre l'Europe autonome sur le plan alimentaire. Or, elle ne l'est plus parce qu'elle dépend des importations de protéines  végétales (les importations de soja de la Bretagne, transgénique majoritairement, représentent l'équivalent de 2 fois la surface agricole bretonne !), elle ne l'est plus parce que la France importe 50% des produits alimentaires bio qu'elle consomme. La politique agricole européenne fondée sur le marché global, au nom de la conquête de marchés extérieurs, a donc produit ce paradoxe : une Europe dépendante pour son alimentation. 

L’UDB  et ses élus sont disponibles pour participer à la construction d'une nouvelle stratégie agricole et agro-alimentaire qui se donne pour priorités :

- le maintien de l'emploi agricole et agro-industriel,

- la défense d'une politique de souveraineté alimentaire, en Europe comme ailleurs, ce qui suppose de sortir l'agriculture et l'alimentation de la logique libre-échangiste de l'OMC,

- la recherche de la valeur ajoutée, en réponse à la demande croissante des consommateurs européens.

 

Pour l’UDB,

La porte-parole Mona BRAS

Publié dans Actualités

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