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La LETTRE ...

Publié le par Rémi BEAUTO

N'oublions pas que CHATEAUBRIANT est situé en BRETAGNE.

La BRETAGNE HISTORIQUE

N'oublions pas que nous sommes en 1941.



Guy Môquet, né à Paris le 26 avril 1924 et mort le 22 octobre 1941, est un militant communiste, célèbre pour être le plus jeune des vingt-sept otages du camp de Châteaubriant (Loire-Atlantique), fusillés en représailles après la mort de Karl Hotz. Il est généralement qualifié de « résistant », mais cette qualification fait débat parmi les historiens.

Le Camp de Châteaubriant est un camp d'internement situé en France, dans la commune de Châteaubriant, en Loire-Atlantique (à l'époque Loire-Inférieure). Il fut ouvert en 1941.

Ce camp, aussi connu sous le nom de Centre de séjour surveillé de Choisel, dépendait du sous-préfet et mis sous la surveillance des gendarmes français. Il a abrité des détenus de droits communs et des détenus politiques dont la plupart étaient communistes.

Les premières troupes allemandes arrivent à Châteaubriant le 17 juin 1940.

 

Lettre ouverte au Ministre de l'Education Nationale,
par Aline Louangvannasy,
professeure de philosophie au lycée Rive-Gauche à Toulouse,

secrétaire régionale de la CGT Educ'action Midi-Pyrénées,
a propos de la lecture de la dernière lettre de Guy Môquet à ses parents dans les établissements scolaires.

 

Monsieur le Ministre,

Le 22 octobre 2007, je lirai la lettre du jeune Guy Môquet, puisque mon statut de fonctionnaire m'impose l'obéissance à ma hié­rarchie. La lecture de ce texte sera l'occa­sion d'expliquer aux élèves comment l'école de la République a eu, à un moment donné de l'histoire française, pour fonc­tion de construire artificiellement un sentiment d'identité nationale en enseignant aux jeunes Aveyronnais, aux jeunes Bre­tons, aux jeunes Alsaciens, une même langue et une même histoire.

Une histoire événementielle construite de symboles, de héros, de batailles gagnées, de monuments commémoratifs, qui n'avait qu'un seul ob­jectif : construire une identité nationale et faire naître dans le cœur de chacun un même sentiment patriotique, sentiment qui a malheureusement conduit beaucoup d'entre eux à partir à la guerre la fleur au fusil.

Ce bref rappel nous permettra de po­ser la question de la vérité historique et de l'instrumentalisation de l'histoire par le pouvoir politique.

La lecture de cette lettre sera aussi l'occasion de poser la question éthique du sens de l'obéissance.

Les poli­ciers français qui ont arrêté Guy Môquet et ses camarades obéissaient aux ordres.

Étaient-ils responsables? Avaient-ils le choix? Le ministre de l'Intérieur Pucheu et le sous-préfet Lecornu qui ont établi la liste des otages fusillés sont-ils coupables? ­

Mes élèves sont vifs d'esprit et ne man­queront pas l'occasion de faire d'eux-­mêmes des parallèles avec l'actualité.

Les policiers français et les préfets qui font du chiffre aujourd'hui, en condamnant à une mort certaine les sans-papiers qui ont fui leur pays, sont-ils responsables? Sont-ils des criminels?

De même, le professeur qui devrait enseigner le sens de la critique, l'exigence de la vérité et qui se fait l'ins­trument du pouvoir en obéissant, est-il complice du pouvoir?

En cours de philo­sophie, nous pourrons aborder à partir de ces interrogations la thèse d'Hannah Arendt sur la banalité du mal. Inévitable­ment, par voie de conséquence, le débat portera sur le sens de la révolte et de la désobéissance. Ce qui nous donnera l'oc­casion de travailler un sujet de dissertation souvent donné au baccalauréat: «Peut-on désobéir à la loi? »

 Nous reviendrons alors sur le sens de la révolte du jeune Guy Mô­quet et sur la question de l'engagement.

Monsieur le Ministre, j'aurais aimé que vous puissiez venir expliquer à mes élèves que la mort de Guy Môquet n'a pas été in­utile.

J'aurais aimé que vous leur expli­quiez comment, en créant une fonction pu­blique forte au service de l'intérêt com­mun, le gouvernement issu de la Résistance avait, à la Libération, posé les bases d'une société juste fondée sur la solidarité et le respect de la dignité de tous, d'une société qui ne se fermait pas aux exilés victimes de toutes les guerres qu'elles soient politiques ou économiques.

J'aurais aimé que vous puissiez leur expliquer le sens de votre engagement à servir l'intérêt commun en leur donnant de vrais moyens pour étudier, de vrais moyens pour se construire comme des femmes et des hommes libres.

Malheureu­sement, même si vous faisiez l'effort du dé­placement, je crains que vous ne puissiez être crédible. Nous lirons la lettre de Guy Môquet alors que nous ne pouvons plus assurer les heures d'éducation civique obli­gatoires.

Mes élèves ne sont pas dupes et c'est ce qui me donne de l'espoir dans l'avenir.

Publié dans Actualités

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